Eyes wide shut

Avez vous vu ce film ?

Moi, oui. A l'automne. Ce film a marqué ma mémoire. Mes sens. Mes synapses ont absorbé cette encre noire et l'image fantasmatique - fantomatique ! - de ces femmes déesses de leurs corps au milieu d'une foule d'hommes en capuche… et ce "Fuck" impétueux dans la bouche de Nicole Kidman, comme clôture et expiation amoureuse... indélébile.




Toute cela pour dire que j'avais conservé une étrange fascination pour ces trois mots EYES...WIDE...SHUT lorsque le mois de décembre est arrivé. Et son Noël et ... le deuil d'une amie. Cet évènement m'a suspendue au temps, et, sans m'y attendre, rendue folle de la vie plus encore qu'auparavant. Non pas que sa mort m'ait donné envie de vivre. Mais elle était audacieuse, une vibrante amoureuse, aimant les plaisirs jusqu'aux plus simples. Il me fallait donc, à la mesure de son regard élevé au dessus de moi, rentrer à Paris pour vivre, et me donner à l'aventure sans sourciller.


Je suis rentrée de Province le 30 décembre, n'ayant au programme du Jour de l'An rien d'exceptionnel ni d'outrageant.

J'avais également lancé la réfection de peinture de mon appartement (c'est un détail, mais il est amusant pour le contexte).

Le jour du 31 décembre, j'ai commencé la journée par le pack "rendez-moi ma féminité" au hammam d'à coté, avec épilation, gommage et massage à l'huile… massage fabuleux, jusqu'aux seins, ces orientales me ramènent à l'ancestralité des bienfaits du gynécée.




Quelques appels et rien à l'horizon pour me ravir. Zurban : une annonce pour les réveillons paranormaux. Une soirée "Eyes Wide Shut" était présentée en quelques mots. Dans un club échangiste ou un lieu privé - ce n'était pas très clair - les organisateurs offraient un libertinage à tout va, une débandade absolue de fin d'année, un raz-de-marée sexuel où les couples feraient leur extra de l'année… Bref, une soirée tout à fait pas normale.

Aiguillonnée.

Les règles étaient les suivantes : venir en couple (aïe) et déguisé façon vénitienne (je savais trouver des solutions chez quelque loueur de déguisements). J'ai pensé et virevolté pour trouver un partenaire, quelques amants passés, mais je n’avais pas très envie, au seuil de l’après midi du 31, de les appeler pour une soirée aussi impromptue. Je me suis mise en tête d’y aller seule. J’ai appelé, et le garçon au téléphone a essayé, fermement, de me rappeler que je serai prise et re-prise, que ce n’était pas pour jouer, on venait là pour par-ti-ci-per ! Oui, bon, ok. Pourquoi pas, mais je participerai seulement si j’en ai envie, c’est tout.
J’imaginais quelques vieux bonhommes suintant sur la lambada... là, ma participation, il ne fallait pas y compter. En revanche, un joli loustic, libertin d’accord, mais surtout échaudé, ou bien un autre... j’étais prête à tout, finalement.

Je suis allée louer une magnifique perruque blanche vénitienne, une petite cape noire. Et un masque. Doré, féminin. Charmant.

J’étais un peu dubitative sur mon sort de la soirée, mais mon amie, elle, l’aurait peut-être fait si l’occasion s’était présentée. Je n’étais pas sûre quand même. Allez, soyons folle, jouons, jouons, jouons.

 

 

 

 

J’étais prête vers 18 ou 19h. Il me fallait partir vers 20h.

Quelques minutes à perdre. Boire un peu d’alcool, se donner du courage, et tiens, se connecter sur meetic, pour voir qui y erre à cette heure là, un après-midi de réveillon. Et si je trouvais là un partenaire. Idée dangereuse. Se dévoiler prête à tout, et passer pour une folle hystérique, pas vraiment. Quelques causeurs entreprenants en-ligne. Rien de palpitant. Et puis l’un, m’a demandé naturellement où il allait m’emmener ce soir. Un profil pas sérieux du genre "d’un mètre vingt une photo sympatoche. Le type cool. Je lui ai répondu que j’hésitais entre un bon livre, une soupe pho avec une copine et une soirée de délire, euh… échangiste.
Sans broncher, il m’a répondu qu’il venait avec moi à la soirée. J’ai hésité… causé avec lui de n’importe quoi… et finalement… pourquoi pas. Il m’inspirait confiance, ne se prenait pas au sérieux, n’avait pas l’air d’un pauvre hère en mal de dévoyage sexuel. Bon, ben d’accord. Il m’a proposé de venir chez moi avec une bouteille de champagne avant de m’emmener.

Il y a des instants où la raison vous échappe. Mais je crois en mon instinct, un peu primairement. Surtout loyalement.


Je lui ai donné tout mon adresse, les codes, et lui ai précisé qu’il lui fallait un masque. Et puis je lui ai demandé s’il était beau, parce que ... je voulais qu’il soit séduisant… un peu. Il est allé se regarder dans le miroir, puis il est revenu pour me confirmer, ouiqu’il était pas mal, assez grand, oui, plutôt pas mal. Joueur et honnête.

Imaginez-moi, le 31 décembre, vers 19h, attendant l’arrivée d’un inconnu avec une bouteille de champagne ; dans un appartement recouvert de plastique où les meubles étaient rassemblés dans le coin des pièces et entoilés de couvertures protectrices, des pots de peintures jonchant le sol ;en jolie robe noire, des jarretelles, des hauts talons, une perruque blanche grand siècle et un masque vénitien ; et pour aller ensemble à une soirée démoniaque de sexe, une énorme partouze de réveillonnage.


Il est arrivé, non masqué.

Il était joli garçon, et un peu intimidé à vrai dire. Charmant et drôle.

On a décidé d’ouvrir le champagne pour se donner, cette fois ensemble, du courage. Puis m’a dit qu’il me trouvait très sexy, vraiment, très sexy. Je crois qu’il s’attendait à une fille un peu désemparée, un peu nympho, où je-ne-sais-quoi, mais pas à moi. Pas à une vénitienne de la sorte.

Nous avons bu. Et parlé, et ri. Mais pas très longtemps.

Quelques coupes passées, il a eu envie de m’embrasser. Et encore. De me caresser les hanches et de sentir mes jarretelles. Sur mon sol de toile plastique, il s’est mis à genoux, est descendu sur moi, a remonté ma robe et s’est approché de mon string. Je crois que je continuais à boire ma coupe de champagne. Il m’a embrassée sur le string, l’a descendu sur mes chevilles, l’a enlevé et m’a embrassée les lèvres avec sa bouche encore fraîche.

Nous avons fait l’amour.

Je me souviens de quelques instants, avec délice; cet inconnu qui me tournait vers le mur, liait les bras de son poignet, et saisissait le corps de son autre bras.

Il m’a prise, prise encore.

 

Il était puissant, volontaire, délicatement violent.

Il a joui dans ma bouche, et, je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête à ce moment là, je me suis relevée en disant, perruque dégringolée : "et encore, je ne parle pas vénitien". Il a attrapé un merveilleux fou rire.

Nous avons sûrement causé encore longtemps dans la nuit. Il est resté dormir dans mon lit. Tendrement, si naturellement que l’orgie "Eyes Wide Shut" me paraissait terriblement hors de propos. Dans le noir, j’ai dû lui confier que j’étais une fille, mais sensible. Il a répondu que j’étais une petite fille, au fond, et qu’il savait tout cela. Et puis m’a embrassée.

Je n’ai jamais vu "Eyes Wide Chut" dans ce club. Et il neigeait sur mes velux lorsque j’ai ouvert les yeux. J’ai presque les larmes aux yeux, là, maintenant.
Pardonnez-moi, je suis une inguérissable nostalgique. Ce sont ces flocons de neige qui me font pleurer.




Au matin, nous avons pris un petit déjeuner comme deux amants complices. Simplement et avec gaité. Je crois que l’on a encore fait l’amour. Puis, la neige, le temps, l’après midi est arrivée et il est parti.

J’étais bien. Heureuse. Pleine et réconfortée de plaisir à la faveur de cette rencontre très inattendue.

Qui c'est Lady Lorin ?

Lady Lorin, c'est un kaleidoscope de bouts de moi.
C'est un peu mon oeuvre, aussi.
Spermatozoidée par mes amours et ovulée de mes aventures.

Je la dorlotte, je la lisse. Je la malaxe ou je l'écrase puis je l'étire pour lui donner d'autres formes.
Je la grandis.

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lorinaparis@yahoo.fr

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